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Méfions-nous de la hâte

« Méfiez-vous de la hâte, échappez-lui, combattez-la, car c'est un des grands destructeurs de la vie intérieure.


L'avènement des machines et l'avantage même que nous en attendions : de gagner du temps, ont eu pour effet, en accélérant les échanges et les transports, de répandre partout la hâte. Et pour peu que nous entrions dans le circuit des affaires, nous sommes du matin au soir traqués et persécutés par la précipitation et la crainte du retard.


Sachons que la hâte est une des tentations de la grande ville, qu'elle est, tout autant qu'un autre vice, une manière de gâter sa vie et de perdre son âme. Ne perdons pas notre temps à nous dépêcher. Rappelons-nous qu'il vaut mieux manquer notre train que perdre notre dignité.


Résistons sciemment à l'entraînement de cette pente commune. De propos délibéré, ralentissons nos gestes et nos pas, le débit de nos paroles et le cours de nos pensées.


Suspendons nos actes et surtout nos réactions, notre éclat dans la colère, notre réponse dans le dialogue, pour pratiquer, fût-ce le temps d'un clin d'œil, le rappel de la conscience.


Ne nous laissons pas prendre au dépourvu et tirons nos plans avec prudence quand la journée s'annonce chargée. Élaguons parmi nos occupations et nos obligations.


Force nous est de prendre un temps pour dormir, pour manger, pour nous laver, même si nous sommes l'homme le plus pressé du monde. Réservons-nous, quoi qu'il nous en coûte, un temps chaque jour pour réfléchir, pour méditer, pour prier, car ces soins ne sont pas moins nécessaires que les autres, ils le sont bien davantage.


Il est cependant toujours des occasions où la charité, la courtoisie ou quelque autre impérieux devoir nous arracheront sans retenue au soin de rester calme. C'est dans le feu de l'action qu'il nous faudra alors trouver un remède à la hâte par la suspension intérieure.


La suspension intérieure est une forme du Rappel de soi. Elle consiste à répéter et à réaliser ceci : "Mon corps court, car il le faut ; et je place même toute la force de ma volonté dans mes jarrets. Mais je ne suis pas dans la course, car je ne suis pas mon corps. Je demeure en mon lieu et je regarde mon corps courir. »


Lanza del Vasto

Extrait de « Approches de la vie intérieure » - Nouvelle édition Desclée de Brouwer


Texte partagé par Catherine D. : merci à elle !


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