Un matin frais de septembre, les sens en alerte, l’humidité des prés qui vous monte à la tête, vous lave alors que nous n’avez rien demandé.
Comment ne pas remercier le noyer, les cosmos en fleur, le rouge-queue qui pépie dans la haie, les nuages, les merveilleux-nuages et le soleil qui pointe son nez aux lèvres de l’horizon ?
La journée se tient là, tout entière dans cet instant, et vous comble du simple regard que vous avez su lui accorder.
Vous vous sentez élargi, capable de contenir plus d’espace que nous ne le pensiez.
Vos racines fendent tous les bétons du monde,
Elles épousent la rondeur de la Terre,
Un matin d’automne
A peine levée
La journée couronnée...
Stéphanie Bodet Habiter le monde, Editions Gallimard, 2019, p. 218
Septembre déjà !, le mois de la rentrée des classes et de la reprise de nos activités.
Le moment aussi où nous nous apprêtons à retrouver une pratique de yoga et/ou de méditation plus régulière en groupe.
Mais au fond, pourquoi « fait-on » du yoga et/ou de la méditation ?
Qu’est-ce qui nous conduit à revenir, semaine après semaine, sur notre tapis ?
Prendre un moment pour soi ? Se détendre ? Respirer ? S’apaiser ? Retrouver un sentiment d’unité intérieure ?
S’offrir « un moment suspendu où le corps rencontre l’esprit. Où une unité s’installe. Où on se sent complet et serein. Un temps que l’on consacre à soi-même mais ouvert sur le monde. », comme me l’écrivait tout récemment une élève (1) ?
Un temps pour retrouver une unité intérieure, c’est bien là l’essence du yoga (compris dans son acception traditionnelle incluant l'état de méditation), tout comme nous l’indique d’ailleurs son sens étymologique : yuj, en sanskrit, unir, relier.
Le yoga serait donc ce moment où, sur le tapis, nous apprenons à cultiver, par la conscience du corps et du souffle dans les postures et dans le prânâyâma, une qualité de présence à nous-mêmes, à notre ressenti, pour mieux nous retrouver, pour mieux nous re-lier à cette source de vie-même qui se manifeste en nous, nous anime et nous met en relation avec le monde.
Dès lors, plutôt que de « faire du yoga », nous apprenons à « entrer en yoga », c’est-à-dire à entrer en relation avec nous-mêmes et avec les autres ; à nourrir une certaine qualité d’ « être » par le yoga et en yoga. A être présent.e.s à tout ce que nous ressentons à l’instant présent, à la vie qui se révèle, aussi bien sur nos tapis que dans notre quotidien, aussi bien en nous qu’autour de nous.
À nous ouvrir tout autant à notre monde intérieur qu’au monde extérieur, et ce, avec attention, soin, bienveillance et gratitude...
... "Un matin d’automne, A peine levée, La journée couronnée..."
Belle rentrée à toutes et à tous, « en yoga » !
(1) avec son aimable autorisation pour la citer. Merci Rosemary !
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